18 La Lune
C'est un joyeux Noël.
J'étais partie, je suis revenue, par simple curiosité, voir ce qu'elles se disaient, savoir si elles allaient bien, parce qu'elles ne me répondent pas. Si je suis partie c'est que j'avais mes raisons. Si je ne donne pas beaucoup de nouvelles, c'est parce que je suis comme ça. Mais quand j'en donne, on ne me répond pas.
On organise des choses sans moi. Alors que j'étais la première à leur en proposer.
Je suis déçue. Blessée serait plus correct. Finalement, je n'existe plus. Je peux peut-être une nouvelle fois re-sortir mon cynisme ici, ça ne touchera personne et c'est sûrement mieux ainsi.
Sur une échelle de malheurs, je pense que je suis au stade vdm bien avancée ma chère JB. Parce que finalement, mes parents ont bien raison, dans la vie, c'est marche ou crève. On ne peut pas être gentil ici, on se fait sans arrêt marcher dessus. C'est quand même étrange d'en arriver là, de perdre tout ce qui nous unissait, de faire comme si une personne n'avait été qu'un aléas de la vie. Je sais pertinemment que j'ai fait des erreurs, que j'aurais dû être plus présente, que je n'aurais pas dû quitter cet univers qui fait maintenant largement parti de votre vie. C'était plus fort que moi. Je ne supportais plus de savoir que ma vie ne m'appartenait presque plus, qu'elle était à tout le monde. J'aime bien mon moi, mes secrets, mes envies. C'est égoïste.
Dessus, on pouvait dire tout ce qu'on voulait, mentir, s'amuser. Ils croient tout, cette bande d'éberlués croit tout. Je pensais avoir des amis. Je me suis peut-être trompée. M. m'a dit que j'étais trop sentimentale, E. m'a dit que j'étais trop gentille. Avec le recul, jamais je n'aurais dû l'être. J'aurais dû garder ma carapace, rester cette petite asociable que j'étais, qui se foutait pas mal de ce matérialisme ambiant, ça a été plus fort que moi, ça semblait si beau, ils riaient tous, ils étaient ensemble.
Finalement, il n'y a qu'une valeur sûre. La famille. Et vous, je n'ai pas besoin de préciser.
C'était un joyeux Noël, évidemment.